Grâce à certains auteurs anciens ou modernes, découvrons l’allégorie de la calèche. En effet, nous trouvons déjà cette approche de l’être dans sa globalité chez Platon, dans Phèdre sous le titre « le mythe de l’attelage ailé » ; dans les textes sacrés de l’Inde, les Upanishad ; ou encore chez le philosophe russe Georges Gurdjieff et enfin dans le livre de Michel Odoul, le fondateur de l’Institut Français de Shiatsu, Dis-moi où tu as mal et je te dirais pourquoi.

Dans cette métaphore, l’existence se présente comme un voyage. Pour qu’il soit réussi, les 4 plans de l’être doivent être respectés : corps/mental/émotionnel/spirituel.

Symboliquement…

  • Tout d’abord, la calèche avec ses roues et son habitacle constitue notre corps physique.
  • Puis, le cocher représente notre mental : c’est la partie consciente, la raison qui gouverne nos pulsions.
  • Tandis que les chevaux, un noir et un blanc symbolisent nos émotions. En effet, ils sont l’énergie qui nous permet d’aller de l’avant.
  • Et enfin, le passager est notre nature profonde, notre moi intime, notre voix intérieure ou même notre âme.

Ainsi, cet attelage avance sur des routes et dans des conditions climatiques qui représentent notre chemin de vie. Il est une sorte de fil conducteur que tout individu suit au cours de sa vie.

Un chemin avec des obstacles…

Alors que Paulo Coelho appelle ce chemin de vie, « sa légende personnelle », il est en effet le fil conducteur de notre vie.

Ainsi, la calèche circule sur un chemin de terre, lequel n’est pas linéaire : il peut comporter des cailloux, des trous, des « nids de poule », des bosses ou encore des ornières. De chaque côté, nous pouvons également y trouver des fossés.

Les trous, bosses et cailloux constituent les obstacles ou les heurts de la vie ; les ornières sont les schémas que nous reproduisons. Tandis que les fossés plus ou moins profonds représentent les règles, les limites à ne pas dépasser afin d’éviter l’accident. Ce chemin comporte parfois des virages qui empêchent la visibilité. En cas d’intempéries, nous pouvons avancer avec plus de difficultés et moins de sérénité. Dans notre vie, nous sommes confrontés  à des phases  où nous sommes dans le brouillard. En d’autres termes, nous avons des difficultés à anticiper et à voir où nous allons…

1 calèche, 2 chevaux, 1 cocher et son passager…

Pour avancer sur notre chemin, nous avons à notre disposition un véhicule qui nous est propre, notre corps physique. Ainsi, la calèche symbolise notre corps.

Si mieux nourri, le cheval noir est le plus fort, la calèche va être déportée vers la droite et de ce fait, être portée par des représentations émotives maternelles. Si au contraire, c’est le cheval blanc qui domine, la calèche va se décaler vers la gauche et être portée vers des représentations émotives paternelles.

Quand le mental est seul aux commandes, nous pouvons nous trouver enfermés sur notre passé ou même ressasser. Par ailleurs, nous pouvons nous fixer des objectifs sans rapport avec nos propres aspirations et alors perdre notre motivation.

Cette calèche est tirée par 2 chevaux : l’un est blanc (yang), l’autre est un noir (yin). Ceux-ci représentent nos émotions. Ils montrent que dans notre vie, elles nous tirent, voire qu’elles peuvent nous emporter sans que nous puissions les contrôler.

Si nous laissons nos émotions s’exprimer sans aucun contrôle, nous risquons qu’elles nous submergent ou nous aveuglent ; ce qui peut arriver quand le mental (le cocher) n’écoute plus sa voix intérieure (le passager). De même, si nous restons trop dans le mental, nous risquons de réprimer nos émotions, moins attentif au confort de notre moi intérieur.

La calèche est conduite par un cocher qui représente notre mental, notre conscient.

La vigilance et la conduite du cocher va influer sur la qualité et le confort du voyage (existence). S’il brutalise ou brime ses chevaux (émotions), ceux-ci peuvent se rebeller, il prend alors le risque d’amener la calèche à l’accident. Si le conducteur est inattentif, manque de vigilance ou se relâche, il lui sera plus difficile d’éviter les trous, les ornières, les bosses… S’il s’endort ou ne tient pas les rênes avec suffisamment de fermeté, les chevaux (émotions) peuvent échapper à la main du cocher. Lorsque ce dernier conduit trop vite ou force trop, les chevaux s’emballent et c’est le fossé, la chute.

Nous sommes alors arrêtés sur notre chemin, plus ou moins brutalement : accidents, traumatismes, deuils.

En panne…

Panne, arrêt sur chemin de vie

Parfois, c’est une pièce de la calèche qui lâche, fragilisée par les nombreuses bosses, trous, nids-de-poule (accumulation de comportements, d’attitudes inadéquates)… N’oublions pas également qu’il faut prendre soin de notre calèche et qu’il est nécessaire de l’entretenir, sinon elle risque de s’abîmer prématurément.

En cas de panne, il va falloir réparer. Selon la gravité, nous allons pouvoir le faire nous-mêmes (repos, cicatrisation…), faire appel à un dépanneur (techniques douces, naturelles) ou à un réparateur (médecine moderne, allopathique).

Traiter la panne ne suffira pas, il faudra également s’interroger sur son origine : conduite du cocher ? Fragilité intrinsèque de la calèche ? Chevaux trop fougueux ou mal maitrisés ?

Il est essentiel de s’interroger sur la manière avec laquelle nous allons changer nos comportements, nos attitudes face à la vie, si nous voulons éviter que la panne ne se reproduise.

A chacun notre chemin…

Parfois la calèche traverse des zones de faible visibilité, c’est-à-dire que nous ne voyons pas où nous allons. S’il s’agit d’un simple virage, nous pouvons l’anticiper ; en cas d’averse soudaine, d’orage ou d’un épais brouillard, il est plus difficile de conduire sa calèche. Il faut alors peut-être naviguer à vue. Ce sont les moments de notre vie où nous sommes dans le brouillard, où nous ne savons pas où nous allons. A compter de là, nous sommes obligés de laisser la vie nous montrer le chemin.

Parfois, nous arrivons à des bifurcations, des carrefours. Si le chemin n’est pas balisé, le cocher (le mental) va devoir prendre une décision. Le risque de se tromper, de se perdre est possible, d’autant plus si le cocher est trop sûr de lui, persuadé de tout connaître et de tout contrôler. Plus il est sûr de savoir la direction à prendre, plus le risque est important. En effet, la raison et l’intellect croient pouvoir tout résoudre.

Si le cocher est humble et honnête avec lui-même, il demandera quelle route prendre au passager (guide intérieur). Notre moi profond sait où il va, il connaît sa destination finale. Il pourra l’indiquer au cocher si celui-ci est prêt à l’écouter. En effet, la calèche en roulant fait parfois beaucoup de bruit, le cocher n’est pas attentif aux informations données par le passager. Il est important de s’arrêter et de faire des pauses pour écouter ce que notre guide intérieur a à nous dire.

A chacun son chemin

Conclusion

La métaphore de la calèche permet de porter un regard imagé sur le processus de fonctionnement de l’être humain, parce qu’elle présente l’existence comme un voyage.

Pour qu’il soit réussi, il est nécessaire de respecter les 4 plans de l’être :

  • Premièrement, si la calèche (corps physique) est en mauvais état, comment pouvons-nous avancer sur notre chemin ?

         Par conséquent, il s’agit d’entretenir notre corps et de le respecter.

  • Deuxièmement, sans l’élan des chevaux (émotions), aurions-nous la force d’avancer ?

         S’il   est   nécessaire   de  nourrir  positivement  nos  choix  et  de  maintenir notre cap, nous  devons  également           apprendre à maîtriser nos émotions.

  • Troisièmement, si le cocher (mental) ne dirige plus et  ne maitrise pas ses chevaux, ou encore s’il ne prend pas soin d’écouter ses chevaux, que se passe-t-il ?

         Ce dernier risque de se couper de ses émotions. Or, elles sont un élan moteur de notre vie.

  • Et enfin, si le voyageur (voix intérieure) est mis de côté, comment pensons-nous trouver le sens profond de notre vie ?

Sources :

  • G. Jung, L’homme et ses symboles, Ed. Robert Laffont, 1964.
  • Paulo Coelho, L’Alchimiste, Ed. LGF – Livre de Poche (31 juillet 2002).
  • Michel Odoul, Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi, Ed. Albin Michel.
  • Piotr Demianovitch Ouspenski, Fragments d’un enseignement inconnu (1947), Éd. Stock, 2003.
  • Platon, Phèdre, Ed. Flammarion, 2006.
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